Voici mon planétarium, ce que je vois en levant la tête, ou plutôt ce que j’imagine. Chaque région a ses propres cultures et environnements uniques. Mais le ciel nous surplombe tous, et j’ai cartographié cet immense espace avec les sons qu’il m’inspirait.

A vous de découvrir un sentiment d'émerveillement en le parcourant. Je vous emmène en voyage.
Cette idée de rassembler des morceaux au sein du Planétarium m’est venue après avoir considéré que l’espace, qui est un domaine infiniment grand est en fait un ensemble de l’infiniment petit : une planète est immense, mais à l’échèle de l’espace c’est une micropoussière, un quanta.
Dans la musique, ce qui est passionnant, c’est de faire cohabiter ces différences, de petits sons et des notes égrenées qui côtoient des textures plus massives.

L’inspiration de ce projet trouve en partie sa source dans le film Planète Interdite de Fred Mc Leod Wilcox, réalisé en 1956. C’est une œuvre fondatrice de la science-fiction cinématographique et surtout de la musique électronique puisque c’est la première bande originale du genre. On a refusé à l’époque le titre de « compositeurs » à Louis et Bebe Barron et même de musique originale puisque dans le générique il est indiqué : « Tonalités électroniques ».
Or il s’agit bel et bien d’une composition musicale extrêmement novatrice. Il y a en plus une séquence dans le film où les Barron ont dû inventer ce qui était la musique du peuple Krell qui vivait sur la planète.
Cette musique est devenue une légende dans le monde des utilisateurs de synthétiseurs puisque nous sommes nombreux à recréer un « Krell patch » dans l’esprit de cette musique, pour l’évoquer et lui rendre hommage.

(NB : un patch de synthé est un réglage permettant de produire un son pour créer une musique.)

J’ai composé, arrangé, joué et réalisé l’intégralité des titres de cet album.
Mon Instrument de prédilection est le synthétiseur modulaire, qu’il serait plus juste de nommer « modulaire ».
Le modulaire incarne la révolte par rapport à l’intelligence artificielle. C’est sans doute l’instrument le plus ludique, le plus créatif et le plus inattendu, celui qui permet des accidents heureux dans la recherche musicale, une dimension imprévisible, exactement le contraire de ce que permettent les outils de création musicale utilisant de l’IA et fondés sur la prédictibilité.

Le principe du modulaire est d’avoir de petits appareils électroniques, les modules, qui ont tous une fonction différente, créer un son, ajouter un effet, filtrer le son etc… et de les raccorder les uns aux autres par des câbles. C’est le raccordement, l’assemblage de ces modules qui permet de façonner un son, contrairement à un synthétiseur dans lequel les différents éléments sont câblés entre eux à l’intérieur de l’appareil et où on ne peut contrôler qu’un nombre limité de fonctionnalités.
J’ai également utilisé de nombreux instruments acoustiques, sanzas, flute, percussions devenus instruments électro-acoustiques et plus précisément acousmatiques puisque retravaillés, resculptés dans le modulaire.

Après le fameux Module lunaire qui a permis à la NASA, lors de la Mission Apollo, de repousser les frontières de l’inconnu, mon ensemble de modules est le véhicule à bord duquel je vous propose d’embarquer pour découvrir les planètes qui nous entourent.

La texture spatiale est rendue ici par différentes dimensions, ou différents plans sonores : sur un arrière-plan lointain où un vent énigmatique souffle parfois, des percussions claires construisent un décor que traversent des comètes, des sons familiers, des ondes provenant du noyau des planètes avec des intensités et des fréquences en constante évolution. Les astéroïdes y vont de leur résonnance en tourbillonnant autour de nous et chacun d’eux nous parle avec sa propre voix et son propre rythme.

Forbidden Planetarium nous plonge dans une exploration douce et enveloppante des confins de notre système solaire. Cette symphonie interplanétaire nous fait aller à la rencontre d’une vaste palette sonore d’origine essentiellement électronique mais ponctuée d’instruments acoustiques identifiables, de la flûte à la clochette, comme de possibles traces de vie dans la galaxie.